Québec, 16 mai. Bien que l’initiative soit saluée, la marche citoyenne organisée par la Ville de Québec pour souligner la Journée internationale du vivre-ensemble laisse plusieurs groupes communautaires perplexes. Alors que le Collectif de lutte et d’action contre le racisme (CLAR) et la Coalition pour le droit de manifester sonnent l’alarme depuis plusieurs mois sur les pratiques de profilage racial, social et politique du Service de police de la Ville de Québec, ces groupes s’étonnent que l’équipe du maire Marchand organise un telle marche alors qu’elle ignore leurs demandes.
Aucun vivre-ensemble harmonieux n’est possible sans lutte au racisme
Le 13 novembre 2024, trois organisations de la ville de Québec, le Collectif 1629, le CLAR et le Forum Jeunesse Afro-Québécois, ont fait parvenir par voie de communiqué des demandes claires à la mairie afin de mettre en place des actions permettant de lutter contre le racisme et le profilage racial dans la ville de Québec. Ces organismes exigent notamment la reconnaissance officielle du profilage racial à Québec; une meilleure documentation des interpellations policières selon l’origine ethnique et la religion; ainsi que la tenue d’une étude indépendante sur le profilage racial par le SPVQ. Ces demandes sont demeurées sans réponse de la part de la mairie. Également, des citoyen.ne.s ont pris la parole à plusieurs reprises lors des périodes de questions au conseil municipal pour dénoncer les pratiques discriminatoires du SPVQ et demander à l’administration Marchand d’intervenir afin de protéger les droits des citoyen.ne.s, sans succès. Pour Vanessa Irakiza, membre du CLAR, les actions de la Mairie appuient les résultats de sa recherche : «[…] les personnes noires, lorsqu’elles abordent les enjeux liés au racisme et au profilage racial dans la ville de Québec ne se sentent pas entendues par la Mairie.»
Selon une personne interviewée dans sa recherche, «la Mairie de la ville adore le mot “diversité”, adore le mot “vivre-ensemble”, mais est toujours un peu frileuse quand on veut parler directement de racisme ou bien quand il faut adresser des problèmes » conclut-elle.
Des pratiques tolérées par Marchand qui nuisent au vivre-ensemble
Surjudiarisation des personnes en situation d’itinérance; interpellations arbitraires visant particulièrement les personnes noires et arabes; répression et intimidation des groupes qui souhaitent exercer leur droit de manifester; tolérance du port de la Thin blue line sur l’uniforme du SPVQ : “La liste des pratiques qui nuisent à un vivre-ensemble en paix est longue! On déplore l’attitude de l’administration Marchand qui, d’un côté, tolère ces pratiques et qui, de l’autre, organise une marche partisane pour vanter son bilan ! Un peu de cohérence M. le maire !” dénonce Naélie Bouchard-Sylvain de la Coalition pour le droit de manifester.